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  • Sonideros

    À Mexico, la danse populaire a une longue histoire derrière elle. Les salons et les grands dancings qui étaient alors très prisés dans les années trente et quarante ont aujourd’hui cédé le pas aux fêtes de rue, avec non plus des orchestres en chair et en os pour donner le la aux danseurs, mais d’imposants sound systems capables de balancer des sons par centaines de décibels, donnant à ces rassemblements des allures de free party. Seule différence : ici, ce n’est pas à la musique électronique que l’on voue un culte, mais à la cumbia sonidera. Tepito, quartier prolétaire de Mexico, est l’un des berceaux de la culture sonidera. Les fêtes ont généralement lieu dans une rue ou un place que les habitants privatisent eux-mêmes, sous les regards curieux des enfants du quartier pour voir la foule s’amonceler devant le DJ et les postes de micheladas, cette bière salée, citronnée et pimentée typiquement mexicaine que l’on sert par litres. Car ici, pas de billet d’entrée ni de videur, la fête est gratuite et ouverte à tous. Dany Alvarado, alias Sonido Confirmación, possède déjà du haut de sa trentaine un sound system géant et anime régulièrement les soirées cumbia des quartiers de Mexico et d’ailleurs. Dany à chaque fois qu’il prend la parole ce pour parle la musique qu’il va mette ou  relayer l’une des centaines de dédicaces que lui réclame le public, bras tendus, papiers en mains. Les sonideros passent une grande partie de leur temps à recopier des noms à la volée pour les saluer au micro. Pendant le show, ils maintiennent ainsi l’attention du public et permettent aux fêtards de passer le bonjour à un ami, à un proche ou à un·e bien-aim·ée qui se trouve dans les parages, mais aussi aux proches qui ont émigré aux États-Unis ou au Canada. Ainsi, quelqu’un qui vit à Puebla peut saluer un cousin qui vit à Los Angeles et le destinataire l’écoutera lorsqu’il lira la setlist ou la vidéo du sonidero sur Internet. Une manière de faire un pied-de-nez à la politique de tolérance zéro menée par Donald Trump à la frontière sud, comme le confirme le sonidero confirmacion : « Les fans de cumbia s’expriment par l’entremise du sonidero pour saluer leurs proches et rappeler leur ville d’origine. Les dédicaces enregistrées traversent les frontières, là où les migrants n’y parviennent pas. Elles réunissent les familles et les proches. »